La situation du logement au Luxembourg est en train de se dégrader depuis des années. La demande dépasse l’offre, mais surtout il y a un manque de logements abordables. Un appartement ou une maison est devenu un bien de luxe. Le produit “immobilier” continue d’être l’investissement le plus lucratif pour les gros salaires et les millionnaires au Luxembourg, avec un taux de croissance des prix de 16,7 % en un an. Si seuls quelques-uns profitent de la hausse des prix, pour la plus grande partie de la population, cela signifie qu’elle doit déménager, être déplacée, chercher un nouvel appartement dans la zone frontalière (où les appartements sont à moitié abordables) ou tout simplement ne pas obtenir d’appartement et devoir chercher soi-même où se loger.
Depuis des années, les politiciens blablatent de la précarité de la situation du logement, qui ne cesse d’empirer. Toutefois, il reste à savoir dans quelle mesure il existe une quelconque volonté politique de résoudre la crise du logement ou si l’on risque beaucoup plus de perdre son audience électorale en assouplissant le marché du logement ?
La crise du logement au Luxembourg est devenue depuis longtemps une crise sociale. La hausse des loyers exacerbe la pauvreté. La crise touche principalement les personnes qui vivent déjà dans des situations de pauvreté, de précarité ou de risque de pauvreté. Elle touche également une majorité de personnes qui vivent au Luxembourg mais n’ont pas le droit de vote (au niveau national). Plus de 70% des Luxembourgeois qui a le droit de voter – y compris les électeurs potentiels d’un parti politique – sont propriétaires de leur logement ou vivent dans un ménage appartenant à la famille. Mais c’est aussi l’État lui-même qui profite du fait que les personnes qui n’ont plus les moyens (ou qui ne peuvent pas attendre d’obtenir une offre subventionnée) partent à l’étranger. Parce que pour l’Etat luxembourgeois, les dépenses d’aide sociale sont ainsi supprimées et pourtant il continue à percevoir des impôts car ces personnes continuent à venir travailler au Luxembourg.
Le fait qu’entre 10 000 et 20 000 appartements soient inoccupés au Luxembourg montre à quel point la politique et l’État se désintéressent de la situation du logement et de la précarité de nombreuses personnes (surtout les jeunes et les gens qui sont pas le droit de voter). Celles-ci permettraient de fournir directement des logements à environ 30 000 personnes.
Les maisons vides et inoccupes peuvent attirer le regard d’une personnes lors d’une promenade. Le projet en ligne Leerstandsmelder.lu collecte les maisons vacantes depuis 2014. Cependant, il n’existe pas (encore) de registre officiel, car cela montrerait à tous l’écart entre crise immobilière et vacance. Ce décalage pervers a conduit dans l’histoire, dans d’autres pays – mais aussi au Luxembourg par le passé – à ce que des personnes s’approprient leur propre maison en squattant des appartements et des maisons vides.
Il y a donc aussi une autre voie que la résignation et le recours tragique à la politique, la voie de prendre les choses en main. Occuper des espaces, appartements et maisons. S’organiser ensemble pour lutter contre les abus des propriétaires, les augmentations de loyer, les expulsions, etc.