Le 31 juillet, une vie a été terminée par la balle d’un policier près de la place Marie-Thérèse à Ettelbrück. Selon le rapport de police et la presse (qui l’adopte), l’homme qui a ensuite été abattu a fui Hosingen dans une voiture volée et a été rattrapé par deux policiers à Ettelbruck. Plusieurs personnes, dont des enfants, se sont rassemblées autour de la scène, certaines prenant leurs portables et filmant les événements. La suite est donc documentée par des vidéos. L’homme sort un couteau, le policier sort son arme et tire. Déjà juste après, le tambour de la propagande policière se met immédiatement à battre. Et le syndicat de la police a immédiatement saisi l’occasion pour discuter et demander un nouvel armement de la police. Dans les premiers articles de presse, la victime est déjà diffamée, dépeinte comme hautement criminelle et dangereuse – comme s’il s’agissait d’une justification pour tuer l’homme. Il s’agissait donc de légitime défense de la part du flic. On ne pouvait pas agir autrement dans cette situation que de tirer sur quelqu’un dans l’estomac. Si l’homme n’avait pas été abattu, il aurait poignardé le policier. Etc. Ce qui devrait être des questions ouvertes devient des déclarations fermées. L’homme qui a été tué est mis sous les feux de la rampe et on ne raconte qu’une partie de sa vie pour qu’elle corresponde au narrative de la police.

Maintenant, les enquêtes suivent. Mais quiconque a déjà eu affaire à la police ou suit de près ce genre de rapports peut deviner ce qui se passe ensuite.[1] On n’est pas égal devant la loi. Et ce n’est pas une coïncidence, mais la structure sur laquelle repose cette autorité. Tout État a besoin que ceux qui détiennent le monopole de l’usage de la force pour obtenir le pouvoir à leur service soient infaillibles. Cette infaillibilité est l’une des justifications essentielles de la légitimité d’être le seul autorisé à utiliser la force. Cette idée traverse toutes les institutions de l’État et est mise en œuvre exactement de la même manière par le pouvoir judiciaire. Si cela devait être remis en question par une grande partie de la population, cela constituerait une menace sérieuse pour l’État. Pour ça la nécessité de toujours parler d’exceptions et de cas individuels, et que on fait des enquête (contra le policier), lorsque la vérité (qui ne correspond pas au narration de la police) se fait jour. Du moins tant qu’il existe un public dont on veut protéger le masque démocratique.

Le carjacking (accusé) avec un couteau de la victime ultérieure était certainement un acte violent. Toutefois, cela ne justifie pas les tirs du policier. Et ici, comme dans d’autres cas où des personnes ont été blessées par des policiers, il est clair que les flics ont appris à intervenir dans un conflit avec violence et qu’ils ne seront pas tenus responsables de leur comportement. Ils savent que leurs commandants les soutiennent inconditionnellement et sont, en retour, prêts à être obéissants et à exécuter les ordres sans hésitation. Ils ont généralement dans leur tête des schémas préfabriqués et des images ennemies selon lesquels ils agissent sans avoir à en supporter les conséquences. Et ceux qui travaillent dans cette service sont susceptibles d’avoir certains traits de caractère qui ne parlent pas exactement en faveur d’une action avec sensibilité et délicatesse. L’armement de la police, par exemple en l’équipant d’armes semi-automatiques, montre déjà que lorsque la police intervient dans un conflit, celui-ci peut devenir de plus en plus violent. En tant que “gardiens de la loi”, ils se permettent, au “nom du peuple”, que les personnes concernées doivent tout supporter pour que la politique Law & Order soit appliquée. Par conséquent, les règles de l’État de droit ne sont pas toujours respectées par la police et ses amis.

[1] Richtung22 par exemple, documenter le cas où un homme a été abattu en 2018 par un policier à Bonnevoie.